Tout commence sur un air de musique militaire. Successivement nous découvrons la Maison Blanche, Le Capitole, le National Mall puis le Pentagone. La situation est simple : les États-Unis d'Amérique sont désespérées, la glorieuse nation n'a gagné aucune guerre depuis 40 ans (et c'est pas faute d'avoir essayé...). Michael Moore est missionné pour envahir l'Europe et partir à la recherche d'idées qui hisseront les États-Unis encore plus haut ... ! Tout est là, le second degré, le patriotisme, la casquette et le jogging de Michael Moore ainsi que son éternelle rage ! America Fuck Yeah. Pas de doutes, les États-Unis vont encore en prendre plein la tronche !
Muni de son drapeau américain, Michael Moore parcourt (envahit ?) l'Europe pendant deux heures. Chaque pays visité donne une exploration d'un domaine spécifique :
France = nourriture
Italie = travail
Finlande = milieu carcéral
Allemagne = transmission de l'histoire du pays
Slovénie = travail en usine
Portugal = législation de la drogue
Suède = éducation scolaire
Islande = droit des femmes
A première vue, les différents domaines évoqués peuvent paraître clichés. À titre d'exemples : les Français aiment manger du fromage, les Italiens font beaucoup l'amour ... ! À voir. Comme à chaque fois dans les documentaires de Michael Moore, la tonne d'informations que l'on nous sert est à nuancer et à critiquer. Malgré la pertinence des sujets évoqués, il ne faut pas oublier que les propos et les avis tenus sont la source d'un seul et même homme : Michael Moore himself. Ce qui fait de Where To Invade Next un documentaire où il faut plus penser ce que l'on nous montre et moins ce que l'on nous dit !
Il y a deux manières de voir Where To Invade Next. La première est académique, on suit les pérégrinations patriotiques et géographiques de Michael Moore, en nuançant bien ses propos et en suivant méticuleusement ses comparaisons avec le système américain. Cela vous vaudra sûrement de sortir de la salle en croyant fortement que TOUS les Américains sont gros et égoïstes. Un peu radicale quand même.
La deuxième manière exclut tout propos patriotique, on laisse les États-Unis où ils sont et on regarde Where To Invade Next comme une simple fenêtre sur le monde à travers laquelle on observerait ce qui se fait ailleurs. Je suis allée voir le documentaire sous cet angle, malgré que les comparaisons qui sont faites avec les États-Unis ne soient pas inintéressantes.
Le plus de Where To Invade Next, c'est que cette fois Michael Moore s'adresse à tout le monde et c'est probablement le but recherché. Pour une fois, les USA sont une toile de fond et non l'élément principal. Peu importe où nous vivons, savoir que les Italiens ont sept semaines de congés payés par an et que la Finlande laisse ses prisonniers en quasi-liberté est susceptible de tous nous intéresser.
En tous les cas, Where To Invade Next est une bouffée d'air frais contre la morosité ambiante. On sort de la salle en se disant que l'on est pas si foutu que ça, que chaque pays comporte ses qualités et ses défauts et qu'il reste un peu d'espoir dans ce monde de brutes !!!