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Ce qu'on a pensé de... Blood Father [Jean-François Richet / 2016]


Après deux ans d'absence des écrans de cinéma (sa dernière apparition était dans Expendables 3 [Patrick Hughes / 2014]), Mel Gibson est de retour. Devant la caméra d'un réalisateur de chez nous, Jean-François Richet (le diptyque Mesrine), il nous offre ici une prestation de haut vol, pleine de justesse et cathartique. Dans le rôle d'un ex-taulard, criminel repenti et alcoolique en voie de guérison, il fait des étincelles. C'est le moins que l'on puisse dire.


"Autrefois j'ai déconné. J'ai été vilipendé sur la place public pour des propos tenus sous l'emprise de l’alcool.

Mais dans le fond je reste un gentil Mel!"


Visage buriné, voix rauque, corps musculeux et tatoué, le personnage complexe qu'interprète Mel Gibson a du vécu. Rapidement il est aisé de faire un parallèle entre les frasques de l'acteur, relayées par des médias en mal de sensations et ce personnage brisé. Dès sa séquence de présentation, lors d'une séance de groupe, son monologue se réfère directement à ses problèmes de boisson et aux dérives engendrées. Si le parallèle ne reste que métaphorique, jamais le personnage ne devient Mel Gibson et vice versa, on ressent tout de même une forme d'exutoire de la part de l'acteur, dont le rôle semble avoir été écrit pour lui.


"Franchement, vous trouvez pas que j'aurais fait un merveilleux Ol' Mad Max?"


Bon, assez parlé de Mel Gibson, parlons un peu du film en lui-même. L'histoire c'est du très classique, une sorte de road movie familiale, un père et sa fille pourchassés par des tueurs mexicains. La mise en scène, toute correct soit-elle est parfois un peu brouillonne, mais sait rendre hommage à l'ambiance chaude et poisseuse du métrage. La bonne surprise vient vraiment d'un scénario qui sait s’accommoder de son manque d'originalité et se renouvelle constamment. Au delà d'un choc des générations traité sans insistance, se trouve une petite (voir une grosse) critique de l'immigration clandestine. Les références aux propos de Donald Trump et l’écho aux mentalités d'une part de la population américaine, ne manquent pas d'alimenter une critique douce-amère, sincèrement intégrée à l'ensemble de l’œuvre.


"In the eyes of a ranger, The unsuspecting stranger, Had better know the truth of wrong from right" (air connu...)


Si il y a un réel reproche à faire à ce Blood father, c'est sa durée. Il est bien trop court. 1h27 au compter. Le temps file trop vite et ce n'est pas avec refus que l'on aurait partagé un peu plus de temps en cavale avec ce père et sa fille. Certes sa courte durée permet d'en faire un film plus nerveux et sans doute plus efficace, mais lorsque le générique débute, il y a une légère frustration. Bien entendu, un reproche bien loin d'être un frein.


"Accroche toi, je vois enfin le bout du chemin!! La fin du calvaire!"


Une très bonne surprise donc que ce Blood Father, porté par les épaules massives d'un Mel Gibson bestiale. Le refus de toute émotion facile, à grand coup d'artifices, et le traitement d'une violence sèche et froide, empêchant toute glorification, font de Blood Father une œuvre presque atypique. Ici tout n'est que crasse, sueur et mauvaise surprise. Le réalisme du métrage et ses propos ancrés dans l'actualité en font un film très intéressant à bien des égards. Certes Mel Giubson y est monstrueux, certes Mel Gibson porte le film, mais cet écrin idéal porte en plus le sceaux de la qualité. Mel Gibson ne pouvait rêver mieux pour réaffirmer que c'est lui le patron.

 


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