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Mélodie en sous-sol épisode 2 : Quand les tubes prennent naissance au cinéma

« Mélodies en sous-sol », c'est la nouvelle rubrique de Cinérama. Entre analyses souterraines et tops sorties de nos caves, nous allons parler en surface des grandes musiques du cinéma, chercher le lien entre les deux arts et faire quelques découvertes sonores. Prenez l'ascenseur, c'est parti, on descend !

Salle numéro 2: Quand les tubes prennent naissance au cinéma

Cette semaine, nous déterrons l'un des succès du moment, celui qui fait bouger bien des popotins sur les dancefloor, qui donne envie de chantonner à coups de « nin nin nin » et que les radios commerciales s'arrachent. Il s'agit de « Don't be so shy », le tube de ce début d'été signé Imany. Vous connaissez sûrement ce remix concocté par deux DJ Russes Filatov & Karas


En revanche, vous êtes peut-être moins aux faits de la version originale. Imany, qui n'est pas une adepte de la première heure des sons électro, en avait fait un premier jet acoustique, très épuré.

En fait, l'artiste d'origine comorienne a composé toute la bande originale du film « Sous les jupes des filles » d'Audrey Dana, sorti en 2014. Et sur cette tracklist, elle laisse une double version de « Don't be so shy », une assez lente et envoûtante et une autre un peu plus nerveuse en Work in progress.

Mais soyons honnêtes, cette direction musicale a été rapidement oubliée, même plus vite que le film, c'est dire ! C'est au moins l'avantage du remix que vous écoutez à présent en boite de nuit : remettre au goût du jour une partition que personne ou presque n'avait en tête, et qui est bonne en plus !

En termes de remix, c'est ce qu'avait fait aussi le DJ Rebel. En installant le son « Black Pearl » en tête des hit-parades, il ne s'est pas bien embêté. Il a simplement surfé sur deux vagues de la culture pop ciné : La Grande Aventure Lego pour les images de son clip et Pirates des Caraïbes pour le son. Le seul souci qu'il va rencontrer, c'est qu'à la différence d'Imany, peu de gens se souviendront de son nom à l'avenir. Déjà d'une, parce que Rebel, au final, c'est pas terrible comme pseudo. De deux, parce que le sample est méga-connu et reste peut-être le thème le plus populaire et repris de l'histoire du cinéma. Et puis, il n'était pas le premier puisque le DJ Scotty était déjà passé par là, au milieu d'une forêt de proclamés originaux des platines. Mais en passant tout de même le disque en boite de nuit, il a réussi à redonner un souffle nouveau et tout aussi épique.

Fort heureusement, les clubs n'ont pas le monopôle des musiques ressuscitées.

Les films parfois font revivre d'autres films. Le plus bel exemple est sûrement celui de Twisted Nerve.

Ce sifflement, qui devance sûrement ceux de la Rivière Kwai, la vie de Brian ou M le Maudit, en termes de popularité, n'est pas du pur Tarantino à la base. Comme ce bon vieux Quentin sait si bien le faire, cette musique composée par Bernard Hermann n'est pas une création originale pour Kill Bill volume 1. Si Elle Driver vient tuer la Mariée sur un enchaînement de plans parfait, c'est surtout dû à ce sifflotement et donc à sa référence directe : le film « Twisted Nerve » de Roy Boulting sorti en 1968.


Kill Bill est entré dans les moeurs, mais Pour Twisted Nerve, c'est une tout autre histoire. Disons les choses telles qu'elles sont : peu de gens connaissent ou ont déjà vu ce thriller obsessionnel. Il a tout de même réussi à revivre et à traverser les âges grâce à cet air éponyme, aussi entêtant qu'angoissant. Là encore, et c'est tout le génie du compositeur protégé de Hitchcock, le sifflement permet une universalité qui ne marque pas une époque mais plutôt un genre, un style inspirant ainsi de nombreux réalisateurs. Enfin pour le style, on repassera quand « Twisted Nerve » est utilisé dans la pub Renault Scenic.

Pour la pub, ne vous inquiétez pas. On en reparlera dans une autre salle du sous-sol. Mais penchons-nous aussi sur les émissions de télé. Là aussi, émerge une flopée de reprises, de mix, d'utilisations sonores aussi farfelues que proches du mauvais goût. Mais parfois, cela permet de découvrir des musiques oubliées. Exit le Dernier des Mohicans chez Arthur, place à Cœur de Dragon chez Miss France ! Avant que le thème de Love Actually ne prenne sa place, la composition épique de Dragonheart rythmait l'annonce de la gagnante lors de la cérémonie des Miss France. Un thème crée par Randy Edelman, « To the stars », qui flanque des frissons du moment qu'on n'imagine pas Rachel Legrain-Trapani pleurer par-dessus.

Dans une catégorie un peu différente, le générique de l'Ile de la Tentation sort du lot. Alors, si l'émission repose sur un concept très léger, le choix de la musique est plutôt fin. La production a en effet décidé de ressortir des cartons du Craig Armstrong, qui a joué pour le film « Roméo + Juliette ». En tendant bien l'oreille, vous reconnaîtrez « Escape from Mantua » que Baz Luhrmann, amoureux de l'éclectisme, a choisi de caler sur les images. Un choix fin donc, puisqu'associer le mythe moderne de Roméo et Juliette au concept de l'Ile de la tentation fonctionne finalement auprès du spectateur. Ca aura au moins le mérite de faire un petit clin d'oeil au cinéma.


Alors, au final, est-ce que tous ceux qui écoutent Imany en boucle en ce moment se rappelleront la version acoustique faite pour le cinéma ? Rien n'est moins sûr. En tout cas, ça nous a permis d'explorer ensemble une nouvelle salle.

Il est désormais temps de refermer ces « Mélodies en sous-sol ». Jusqu'à la prochaine salle que nous ouvrirons ensemble...


 






Signé : Melo Man


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