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Ce qu'on a pensé de ... La Loi de la Jungle

La voix de la bande annonce vous avait prévenu : ce film est fait pour vous ! Et Antonin Peretjatko n'a pas manqué de nous le rappeler une nouvelle fois avant le début du film : c'est une comédie burlesque. On vous aura prévenu !

Le film s'ouvre sur une vue aérienne. La forêt amazonienne s'étend à perte de vue lorsqu'au milieu de ce tableau végétale, une statue géante de Marianne apparaît harnachée à un hélicoptère. Dans un élan comique, la statue se détache et chute. Adieu Marianne. La République se casse la gueule. Dès les premières images le ton est lancé, il ne faiblira pas pendant les 1h40 du film !



La Loi de la Jungle c'est l'histoire de Marc Chataîgne, un trentenaire dégarni à la recherche d'un stage. Il finit par être embauché par le ministère de la Norme, qui l'envoi en Guyane pour la mise aux normes européennes du chantier GUYANEIGE : première piste de ski indoor d’Amazonie pour relancer le tourisme en Guyane. De mésaventure en mésaventure, on lui affuble un coéquipier : Tarzan ! Pas de chance c’est une femme, pire : elle a du caractère.



Le plus fou, c'est cette curieuse impression de découvrir un petit bijou de burlesque et d'humour, alors que La Loi de la Jungle n'invente rien. Des personnages diamétralement opposés qui se retrouvent contraint de faire équipe, c'est vieux comme le monde. Et pourtant, ça marche. Sans le montrer explicitement, Peretjatko s'attaque à notre beau pays, notre chère République, notre divine nation française. Car le sujet principal du film n'est pas Marc Chataîgne et le projet Guyaneige, le sujet principal c'est la République. Mieux, c'est la France qui occupe le film. Et à travers une mise en scène et des dialogues subtiles, il la démonte. Cette France qui suit les personnages jusqu'au plus profond de la jungle amazonienne lorsqu'au détour d'un plan la statue de Marianne pointe le bout de son nez à travers des feuillages. La satyre de la République s'illustre à travers le personnage de Jean-Luc Bideau n Enarque, coincé entre son bureau Louis XVI, sa cheminée en marbre, son parquet verni, et ses moulures au plafond. Le costard bien ajusté, et les leçons de morales bien au point.



Peretjako s'attaque aux travers de notre société, et utilise les personnages de Chataîgne et Tarzan comme des outils au service de sa satyre. Leur position de stagiaires, mainte fois répétée illustre les maux d'une génération "creux de la vague". Cette génération qui est contrainte d'aller là ou on veut bien d'elle. Sauf que cette fois, cette génération incarnée par nos deux protagonistes se retrouvent définitivement perdue ... au fond de la jungle. La métaphore est claire, la jungle c'est leur vie, bordélique, sans issue, dans laquelle il tourne en rond et où il se heurtent à de nombreux obstacles.



La jungle c'est aussi la société. Cette société qui les envahie, et où la seule manière d'avancer c'est de se munir d'une machette et de tout défoncer en criant "saloperie de nature". Ironiquement, au fur et à mesure que Chataîgne et Tarzan évoluent dans la jungle ils se démunissent de leur bien matériel, comme si cette aventure les purifiait. A l'image de Chataîgne, obsédé par son rapport de stage, qui malgré les obstacles s'entête dans sa rédaction. Il multiplie les supports passant d'un ordinateur, à une machine à écrire, pour finir avec un crayon et un papier. Même chose pour les moyens de transports, après avoir mis la Jeep dans le faussée c'est à pied et en radeau qu'ils avancent, ramant tant bien que mal pour avancer. Car Chataîgne et Tarzan rament autant sur l'eau que dans leur vie.



Forcément, comment ne pas parler écologie quand on parle de jungle ? Le projet Guyanaise illustre à lui seul la folie industrielle de l'homme. Cette folie parfaitement illustrée au détour de l'évocation anecdotique de la construction d'un pont qui ne sert à rien ... On se rend vite compte que ce projet n'est pas si fou, surtout quand on sait qu'une piste de ski existe déjà dans le désert au Qatar. Du désert à la Guyane, il n'y a qu'un pas. Et de la France à la Guyane alors ? Mais la Guyane c'est la France ! Et Perejtako ne manque pas de le rappeler à maintes reprises. Comme si il voulait que le Français se regarde dans le miroir, pose un regard moqueur sur son pays pour en voir mieux les travers, et finalement se rendre compte, de ce qu'est vraiment la France.


 


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