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Quand les chansons inspirent le cinéma, à Marly-Gomont ou ailleurs !

« Mélodies en sous-sol », c'est la nouvelle rubrique de Cinérama. Entre analyses souterraines et tops sortis de nos caves, nous allons parler en surface des grandes musiques du cinéma, chercher le lien entre les deux arts et faire quelques découvertes sonores. Prenez l'ascenseur, c'est parti, on descend !

Salle numéro 1

Quand les chansons inspirent le cinéma,

à Marly-Gomont ou ailleurs !

Cette semaine, nous déterrons l'un des grands tubes de la chanson française, la tendance de l'année 2006, repartie aussi vite qu'elle est venue : j'ai nommé la chanson « Marly-Gomont ». Ce titre, interprété par le proclamé ambassadeur du monde rural Kamini que l'on croyait disparu à tout jamais, réapparaît en juin 2016.

Mais si, rappelez-vous c'était ça :


Je viens pas de la cité mais le beat est bon

Depuis, Kamini est monté sur les planches, a enregistré quelques autres titres, mais a surtout peaufiné son projet personnel. Il s'est lancé dans l'écriture d'un long-métrage « Bienvenue à Marly-Gomont » librement inspiré de sa chanson phare, mais surtout de sa propre vie.


Le film raconte l'histoire de ses parents, situant l'action dans les années 70. Ce que ne faisait pas la chanson puisqu'elle livrait cinq minutes et neuf secondes de ressenti, d'impressions de Kamini vis-à-vis de sa commune et de ses habitants. En hommage à son père décédé en 2009, le rappeur a décidé d'écrire un film qui ouvrirait la fenêtre entrouverte par la chanson. Fini les ressentis, place aux faits.



Et du coup, le titre initial présente un superbe angle de tir. Déjà, le décor est planté, nous savons qu'il y a plus de vaches que d'habitants, qu'il y a qu'une seule famille de noirs et trois jeunes dans le village. Paraît-il que le réalisateur Julien Rambaldi a regardé avec attention l'oeuvre de Raymond Depardon pour cerner par le documentaire le côté rural de la France. Ce qu'il n'avoue pas, c'est qu'il a du se taper en boucle du Kamini dans les écouteurs pour comprendre le message délivré par le rappeur !

Bref, si on compare la bande-annonce à la chanson, vous verrez que les ressemblances sont plutôt communes.

Marly-Gomont n'est qu'un exemple d'une tendance qui remonte à loin dans le cinéma moderne.Nombreux sont les réalisateurs (ou les producteurs) à avoir tenté l'aventure « From Song To Film ».

Parmi les exemples les plus récents, il y a Straight Outta Compton. Ce pilier du rap américain sorti en 1988 a laissé des traces aujourd'hui sur les jeunes générations, dans un phénomène d'identification chez les rappeurs actuels. Son flow rapide, ses vinyles scratchés et ses « Wow » lointains en ont fait un titre de toute une époque. Mais c'est surtout la réunion de jeunes dont Dr. Dre et Ice Cube, qui fait mouche.


27 ans plus tard, Legendary Pictures a la bonne idée de sortir « NWA : Straight Outta Compton », conservant ainsi le nom de l'album des nineties et gagnant un beau succès populaire. Le fait de choisir ce titre en particulier n'est pas anodin, c'est celui qui a lancé définitivement le gangsta rap. Rien que dans les paroles, aussi violentes que personnelles, se ressent la traduction d'une révolte d'une époque, la dureté de la jeunesse urbaine, l'envie de dire les choses. Ca méritait bien un film.



Dans les films dits « classiques », certains se sont aussi inspirés de chansons existantes. « Chantons sous la pluie », par exemple, tire son nom anglais d'une chanson de 1929, ressortie des vieux cartons par la Metro Goldwin Meyer. Elle est à l'époque écrite par Arthur Freed et composée par Nacio Herb Brown.


En sentant le succès d'une comédie musicale se profiler, il fallait s'appuyer sur une mélodie populaire, qui parle absolument à chacun. Résultat : Gene Kelly s'en imprègne, la chanson est jouée deux fois dans le film actuel, et reste l'un des airs les plus fameux et entêtants de l'histoire du cinéma.


Même si le titre est d'une réussite indéniable, se classant par ailleurs 3ème au classement « 100 ans... 100 chansons » de l'American Film Institute, force est de reconnaître que son renouveau cinématographique est à la base purement commerciale. Mais qu'importe, on se délecte de voir virevolter les parapluies...

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Parfois, c'est juste un réalisateur qui se perd dans les tréfonds de son baladeur cassette. C'est le cas de Chantal Lauby pour son premier long-métrage. « Laisse tes mains sur mes hanches » avec Alain Chabat, Rossy de Palma et Jean-Hugues Anglade, s'inspire directement d'un grand tube de Salvadore Adamo paru en 1965.



Les deux titres ne sont pas tout à fait les mêmes, mais c'est bonnet blanc et blanc bonnet. A ceci près que, à l'image de « Singin'in the rain », ce film ne reprend pas l'histoire de la chanson, comme c'est le cas pour Marly-Gomont. Ici, la chanson a davantage un rôle d'image, des vertus de symbole.


Si « Mes mains sur tes hanches » a fortement donné une couleur au film et que l'ex-Nulle a écrit le scénario en écoutant la chanson, il ne s'attribue pas le synopsis du film. Quoique... A juger par soi-même.


Dernier exemple, bien loin de NWA ou Salvadore Adamo, c'est celui de The Cure. Malgré l'ambiance sombre et désabusée, la chanson « Boys don't cry » a des milliers d'inconditionnels. Un titre tellement fort -un mec malheureux qui s'interdit de chialer, car les bonhommes ça chiale pas oh ! - qu'il a fini sur grand écran.

Sorti début des années 2000, Boys don't Cry raconte la vie d'une jeune fille qui veut à tout prix devenir un garçon. Et qui se mettra à aimer une nana, dans le plus grand secret... Les narrations ne sont pas tout à fait les mêmes mais repose sur les thèmes communs : la quête d'identité, l'intimité, le regard des autres. Pas de doute que le réalisateur s'est passé le single plusieurs fois pour écrire son scénario puisque lui aussi l'a intégré à son film. Et dans une scène cruciale, en plus. Comme les autres finalement. Au final, Boys don't Cry, c'est un Oscar pour Hillary Swank et un nouveau film de génération. Rien que ça.

Bilan, que peut-on dire ? - Qu'à l'image de la littérature, la musique est une formidable source d'inspiration pour les scénaristes. Mais on ne peut pas encore parler d'adaptation car les formats différent font que la musique n'est qu'une première écriture pour le cinéma. - Que les chansons sont encore libres dans leurs formes et leurs sujets. Cela permet au cinéma d'aller explorer des champs d'action qui sortent un peu des sentiers battus. - Que la musique, c'est un art populaire. Le spectateur peut sans souci s'identifier à la chanson qu'il connaît déjà, éveillant ainsi sa curiosité. Cela peut être aussi un argument de vente auprès des producteurs. Enfin, que les chansons qui inspirent les réalisateurs finissent presque à chaque fois dans les films en question, et souvent à des scènes clefs, qu'elles soient cultes, cruciales à l'intrigue ou poétiques. Ce qui montre une vraie et belle corrélation entre musique et cinéma. [if !supportLineBreakNewLine] [endif]

Mais y-a-t-il un lien entre inspiration et qualité ? Ça c'est à vous de juger, notamment avec Bienvenue à Marly-Gomont, qui est sorti ce 8 juin.

Il est désormais temps de refermer ces « Mélodies en sous-sol ». Jusqu'à la prochaine salle que nous ouvrirons ensemble...

 


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