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The Exorcist, William Friedkin, 1973

Il y a 42 ans (le 11 septembre 1974 exactement), sortait sur les écrans français The Exorcist. Si cette œuvre allait marquer les esprits des pauvres spectateurs s’étant laissé convaincre, il allait aussi modifier durablement la perception des films dits ‘’d’horreur’ dans la production hollywoodienne. Succès relativement inattendu, nommé à l’oscar du meilleur film, son succès ouvre la porte à de nouveaux projets autrefois confinés dans les fins fond de la série B. Sans lui, Jaws (1975) ou Star Wars (1977) n’auraient jamais été l’œuvre de gros studios. Si le cinéma d’horreur est un genre présent à Hollywood depuis les années 30, jamais il n’avait été distribué sur le terrain de jeu du cinéma de ‘’première classe’’.



Quand on met les petits plats dans les grands


Inspiré d’un fait réel datant de 1949, le scénario est écrit par William Peter Blatty, également auteur du roman. Il est mis en scène par une figure du Nouvel Hollywood, William Friedkin, fraîchement auréolé du succès de French Connection. Le Nouvel Hollywood s’invite également dans le casting, avec en tête d’affiche Ellen Burstyn, qui porte littéralement le film sur ses épaules. A ses côtés, un acteurs aussi habitué des films d’Ingmar Bergman qu’aux productions Hollywoodienne, Max Von Sydow. Un casting quatre étoile, alors qu’à l’époque les horror flicks bénéficiaient de maigres budget (The Exorcist à coûté 8 millions de dollars), étaient réalisé en très peu de temps (The Exorcist a été filmé en 224 jours) et les castings étaient composé d’acteurs spécialisé dans le genre ou bien des anonymes… Ce film n’a donc pas révolutionné le cinéma de genre à proprement parler, mais il l’a fait passer d’un cinéma marginal a un cinéma dit mainstream.



William Friedkin et Linda Blair (Regan) sur le tournage.

C'est pas parce qu’on fait le film le plus flippant du Cinéma qu’on peut pas se payer une petite tranche de rire.



Cette année, le film, dans une version longue remastérisée, sort à nouveau sur les écrans. C’est donc une toute nouvelle génération de spectateurs et de cinéphiles en herbe, qui peuvent se délecter de ce chef d’œuvre de l’horreur sur grand écran. Comme leurs parents ou leur grands-parents, ils vont pouvoir découvrir cette expérience unique. Et c’est à cette expérience que je me suis livré. J’ai vu pour la première fois The Exorcist à l’âge de 15 ans et le moins que l’ont puisse dire, c’est qu’il m’a durablement marqué. C’était à la fois pour son aspect très impressionnant, l’horreur y est pure, violente, gore, vulgaire… Mais aussi car ce fût l’une des plus belle mise en scène que je n’avais jamais vu dans ce genre qui m’est si cher, l’Horreur. Et pouvoir aujourd’hui avoir la chance de le (re)découvrir sur un grand écran, je ne pouvais passer à côté.




1974 – 2016 : Même combat! (ou presque)


En entrant dans la salle, j’ai guetté un peu pour voir ‘’qui’’, en 2016, se déplace dans les salles obscurs pour voir ou revoir The Exorcist. Il y a ceux qui ont pu le découvrir en 1974 et qui veulent revivre l’expérience. Il y a ceux (comme moi) qui l’ont vu ados et qui se sont dit qu’il fallait le voir au cinéma au moins une fois dans sa vie. Il y a ceux qui ne l’avait tout simplement pas vu! Et il y a ceux qui sont arrivé dans cette salle par hasard… Et tout ce beau monde se retrouve, ensemble, durant 2h15 pour assister à une œuvre sortie voilà 42 ans... La magie du Cinéma!




La première bobine est lancée, l‘expérience débute sous la lourde chaleur du soleil irakien. Aucunes paroles. Aucunes indications. L’ambiance est lourde et mystérieuse. Puis c’est le retour aux U.S.A, Georgetown plus exactement, qui sera le lieu de l’action pour les deux heures à venir. La virtuosité de la mise en scène entraîne le spectateur dans la descente aux enfers vécue par la jeune Regan et sa mère. Rien n’est laissé au hasard, un plan, un bruit, un cri, un souffle, une porte… Rien. La caméra de Friedkin se ballade dans cette maison, qui n’est pas hanté, mais qui est touchée de plein fouet par le surnaturel, par le mal absolue et l’incompréhension la plus totale. Lorsque les quelques notes du thème principale résonne, ce sont les frissons qui s’invitent… Puis la peur la plus pure à laquelle s’ajoutent des effets (gores ou obscènes) d’une efficacité incroyable.




Dans un premier temps, dans la salle ça rigole plus que ça ne tremble. Une partie des spectateurs semblent amusés plus qu’effrayés par la possession de la petite Regan. Une autre partie tremble. Une autre partie sait à quoi elle a affaire et l’heure n’est pas à la rigolade! Lorsque les choses sérieuses commencent, que le film s’emballe, les rires s’estompent. La puissance visuelle du chef d’œuvre de Friedkin prend tout le monde à la gorge. Ça se met à sursauter, à rire nerveusement, des petits cris se font entendre… 43 ans et pas une ride !!




En sortant de la salle, je prête un peu l’oreille autour de moi. Les réactions sont diverses. Il y a ceux qui fuient dès le début du générique (choqués? déçus? rien a foutre c’est vieux?), il y a les blasés (‘’C’est pas aussi gore que je ne m’y attendais, franchement Human Centipede c’est plus gore !!‘’), il y a les impressionnés (‘’Ha la laaaaa, je m’attendais pas à ce que ce soit aussi… Pourtant c’est un vieux film !!’’) et il y a les nostalgiques (‘’Ce film ne vieillit pas… brrrr’’). Une chose est claire, l’indifférence n’est pas de mise!






C’était mieux avant ?


La réflexion évoquant Human Centipede (Tom Six, 2009) m’a beaucoup fait tiquer. The Exorcist, ce n’est pas un film qui se veut fun, c’est une approche totalement différente. Il n’est pas racoleur et sa violence est avant tout psychologique. Il n’y a pas une volonté de choquer ou de créer le malaise. Sa démarche n’est pas dans la logique d’un déferlement de violence visuelle gratuit et absurde afin de marquer les esprits à l’aide d’effets scabreux. Non. The Exorcist ça raconte avant tout une histoire. Et dans cette histoire il y a une multitude d’histoires. A vrai dire, chaque personnage qui croise Regan connaît un bouleversement dans sa vie.




Le background des personnage est l’une des clés de la réussite de ce métrage. Le scénario de William Peter Blatty est en ce sens finement rôdé et couplé a la réalisation de William Friedkin, ça fait tout simplement des miracles. Vous ajoutez à cela une petite critique presque métaphorique, mais furtive, du monde du cinéma (qui est à l’époque en train de changer) et vous obtenez un film solide qui traverse les âges sans prendre trop de ride. Il est même presque plus actuel et bien plus percutant que de nombreux navets, dit ‘’d’horreurs’’, qui pullulent sur nos écrans. Alors attention, je ne dis pas que ‘’c’était mieux avant’’, car déjà à l’époque il y a de la daube et aujourd’hui de temps en temps quelques œuvres marquent la rétine. Mais, le fait que son visionnage soit aussi intense quatre décennies après sa sortie, d’une ça force le respect et de deux on peut réaliser que ce qu’il est vraiment, c’est à dire un chef d’œuvre, tout simplement.



 


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